Brève histoire de la monnaie
I. L’ère du "troc"
La monnaie n’a pas toujours existé sous sa forme actuelle (pièces, billets…). Dans l’Antiquité, les Grecs et Romains utilisaient le bœuf comme unité de référence de leur transaction (pecus en latin signifie troupeau, d’où le mot français «pécuniaire»).
D’autres peuples utilisaient le sel, des coquillages, des perles et bien d’autres objets.
D’où l’expression ancienne, pour désigner un témoin qui se murait dans le silence, qui consistait à dire « qu’il avait un bœuf sur la langue » pour indiquer qu’il avait été payé…
II. L’ère des métaux précieux
Vers les années 650 av. J.C., le Royaume de Lydie, en Asie Mineure (la Turquie d’aujourd’hui) fut le premier à frapper des pièces de métal. La nécessité d’obtenir une grande valeur sous un faible volume a conduit à l’utilisation des métaux précieux : l’or et l’argent.
L'or est un métal rare, malléable et inaltérable. Ces différentes qualités en font un moyen d'échange et de réserve de valeur (mais cela reste néanmoins culturel. Pour les civilisations précolombiennes, l'or est une entité à part entière et est sacré. Il n'est pas une une monnaie d'échange !)
Ces métaux circulaient à l’origine sous forme de lingots qui devaient être pesés lors de chaque transaction. Pour éviter cet inconvénient, l’habitude fut prise d’indiquer par une empreinte sur chaque pièce de métal, le poids et la contenance de métal précieux.
Les pouvoirs publics s’arrogèrent le privilège de frapper ainsi les pièces : les monnaies métalliques venaient de faire leur apparition.
III. Les premiers billets
Au XIVe siècle la monnaie de papier naquit, en Italie, avec la lettre de change. Cette dernière permettait d'éviter le transport du métal en s'y substituant momentanément.
Sa forme finit par être normalisée et libellée en sommes « rondes ». Ce fut le début des billets de banque.
À l'origine, ceux-ci étaient convertibles en monnaie métallique d'or ou d'argent. La création du billet de banque tel qu’on le connaît remonte au XVIIème siècle en Europe (Connu, en revanche, en Chine dès le VIIIe siècle). D'abord en Allemagne, puis surtout en Grande-Bretagne après la création de la Banque d'Angleterre en 1694.
IV. La monnaie fiduciaire
Durant le XIX siècle, les Banques Centrales des différents Etats monopolisèrent l'émission des billets de banque, ceux-ci devinrent ainsi de cours légal. Mais chaque fois que se présentaient à un Etat des problèmes de type politique ou utilitaire (crise économique, guerres, révolutions…) et qu'il devait faire face à davantage de frais, cet État se voyait dans la nécessité d'émettre de plus en plus de billets, jusqu'à ce que se produise l'inévitable crise de confiance.
Lorsque survînt cette crise de confiance, tout le monde désirait convertir ses billets en métal et l'unique recours qui restait à cet État, était de déclarer le cours forcé des billets, ce qui signifiait l'impossibilité de les convertir en métal précieux. C'est seulement quand la situation revenait à la normalité que pouvait se rétablir la convertibibilité.
La monnaie commença ainsi à se détacher de sa base métallique et à devenir fiduciaire, c’est-à-dire à reposer sur la confiance (fiducia en latin) que la conversion du papier en espèces métalliques serait à tout moment assurée.
V. Dématérialisation / fin de la convertibilité
Pendant la Première Guerre Mondiale, les énormes dépenses de guerre provoquèrent le vide presque complet dans les caisses des Etats participants. L'or de ces Etats «émigra» en grande partie aux Etats Unis d'Amérique. Les billets furent émis en grandes quantités. Pour supprimer le problème d’émission des billets, le 15 août 1971, le président Richard Nixon change complètement la donne du système monétaire international en annonçant la fin de la convertibilité du dollar en or mettant ainsi fin au système monétaire international de Bretton Woods, qui datait de 1944. L'argent est donc aujourd'hui essentiellement virtuel.
VI. Bilan
Le papier monnaie se base simplement sur une convention sociale qui fait que nous l’avons admise comme base des échanges commerciaux. Et donc, sur la confiance qu’on lui accorde.
Par conséquent, sa valeur n’est qu’auxiliaire et abstraite, et non intrinsèque.
Le problème est, qu’aujourd’hui, la majeure partie du commerce mondial a lieu sans monnaie-papier, et seulement 10% des transactions financières quotidiennes correspondent à des échanges économiques dans le "monde réel".
Les marchés financiers eux-mêmes constituent un système de création d'argent virtuel, de profit non-basé sur une création de richesses réelles.
Grâce au jeu des marchés financiers (qui permet de transformer en bénéfices les oscillations des cours boursiers), les investisseurs avisés peuvent être déclarés plus riches, par une simple circulation de flux dans des ordinateurs.
Tout le monde sait que les bulles spéculatives se sont multipliées et que les banques prennent des risques toujours plus grands et accumulent les produis financiers toxiques.
Je donne la parole à S. TIMSIT du site http://www.syti.net/ pour conclure :
« Donc en résumé, nous avons... :
- Des banques centrales qui créent de la monnaie à tout va, dépréciant sa valeur intrinsèque, pour racheter leurs propres bons du Trésor et pour injecter des centaines de milliards dans les circuits financiers, alimentant les "bulles" spéculatives.
- Des banques absolument déconnectées de l'économie réelle, qui multiplient les opérations dangereuses et les produits financiers "toxiques", qui créent elles aussi de la monnaie à tout va par le crédit (dont la majeure partie n'alimente pas l'économie réelle mais les opérations financières).
- Des entreprises qui délocalisent, qui n'investissent plus, qui échappent à l'impôt, qui font de plus en plus de profits, qui malgré tout s'endettent de plus en plus, et qui rachètent leurs propres actions pour en gonfler le cours artificiellement.
- Des états surendettés, qui ont perdu tout pouvoir sur l'économie et la sphère financière.
- Des citoyens de base appauvris, soumis à la précarité et au chômage, dont les revenus stagnent ou diminuent alors que les prix des produits de base (alimentation, énergie, logement) sont tirés vers le haut par la spéculation financière, et qui cessent de consommer ou bien s'endettent.
Tout cela crée une situation économique globale très malsaine...
En même temps, tout cela converge vers les mêmes bénéficiaires: les 0,1% les plus riches et les banques. » (http://blog.syti.net/index.php?article=522 et http://www.syti.net/Topics2.html#6)
Confiance, vous avez dit ???
VII. Pour ceux qui voudraient aller plus loin...
Savez-vous que les réserves d'or des pays européens se trouvent dans les coffres des banques, la FED (aux États-Unis), notamment. Depuis 2013, l’Allemagne souhaite rapatrier son or, en partie stocké à la FED, afin de disposer de ses 3 996 tonnes sur son propre territoire d’ici 2020.
Il s’agissait là d’un signal fort pour le système monétaire internationaal. Un tel principe de précaution en temps de crise se comprend aisément.
Petit problème, les réserves des deux pays ont été auditées et l’or allemand entreposé à la FED s’est tout simplement volatilisé... Pourtant, les 1 500 tonnes d’or (70 milliards de dollars environ) sont stockées dans le quartier haute sécurité de la FED, à 26 mètres sous terre, l’endroit « le plus sûr du monde ».
Où est-il passé ? À quoi a-t-il servi ?... Mystère...
Je vous laisse appropfondir seuls le sujet avec, par exemple, l'essai très "troublant" (n'est-ce-pas Jean-Marie Bigard...) de Pierre Jovanovic (voir sources)...
Sources :
- http://www.nbbmuseum.be/doc/chap2f.pdf?v20120831
- http://chalaux.org/mtemfr03.htm#siete
- http://blog.syti.net/ et site http://www.syti.net/
- BRUGUIERE Michel. « Histoire de la monnaie ». Encyclopoedia Universalis 2014.
- JOVANOVIC Pierre. 666. Le Jardin des livres. 2014